battage_du_ble

I-Objets et surfaces

1958 - 1970

Les premières oeuvres sont des huiles sur toile de 15 à 30 points. Inspirées d’abord par des personnages, des paysages, des natures mortes réels. La paysanne est une parente. Les Pêcheurs grecs ont été composés d’après une photographie. Dix ans séparent ces œuvres et l’on constate l’évolution qui va du figuratif et de la ressemblance à l’effort de structuration originale. Cette tendance s’accentue lorsque je prends le parti d’imaginer les objets, sans référence obligée. Ainsi, dans la Nature morte à la veilleuse, seul l’objet de faïence blanche existait, les autres éléments (compotier, carafe, raisin) sont inventés pour la composition Le Violon est peint sans modèle et sans souci de vraisemblance : fausse perspective, transparence du boîtier, feuillage décoratif dont le motif réitéré et appliqué à l’objet lui-même semble envahir la surface. Les Baigneuses d’Eqfa surgissent du souvenir de la visite au bain pour femmes aux sources de la palmeraie de Palmyre, aucun croquis n’ayant été réalisé sur place, les baigneuses d’ailleurs sont totalement imaginaires, dans leur plastique comme dans les couleurs, le jeu des reflets de l’eau sous la voûte et sur les corps est certainement le motif principal du tableau. Ainsi dès les premières toiles, on constate que le jeu des couleurs s’impose aux formes, et que le fond petit à petit va prendre presque autant d’importance que les objets, d’où un certain flou des contours : une osmose s’installe entre les objets et le fond, le traitement de la surface l’emporte avec la composition, la répartition des couleurs. Fonds marins, parti du dessin d’un coquillage réel, devient prétexte à l’enchevêtrement des coulées fluides, dont on ne sait si ce sont des algues, des rochers, des sables, et le motif de départ est littéralement absorbé par le plaisir de la composition, de la couleur et du geste. La scène du Battage du blé vient d’un voyage au Liban, scène entrevue au cours d’une excursion et retracée avec le souvenir d’un décor de collines et de village aux maisons cubiques ; s’y ajoutent les formes naïves des figurines de terre cuite exposées dans les vitrines du musée d’archéologie de Beyrouth ; je voulais retrouver dans le tableau le rayonnement du soleil nimbant la scène, en faisant l’unité, en volutes et spirales de lumière ; j’y rencontrais aussi mon penchant pour l’archéologie. On comprendra mieux les Silhouettes (Guerriers ou Prêtres?) qui me viennent d’un série de figurines plates en bronze patiné d’or et de vert, de roux et de bleuté, installées dans une vitrine de ce même musée ; ce sont plutôt les ombres ou les doubles de ces personnages qui dansent dans le soleil.

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